Mon expérience de comédienne me fait prendre conscience de l’espace. Habiter le lieu par son corps, sa voix, son personnage, être présente à soi-même et aux autres. C'est peut-être la raison pour laquelle ma peinture et mon dessin s’inscrivent dans une recherche sensible de l’image.
J’invente un lieu empreint de silence. Il se donne alors pour lui-même, vide et je peux m’y inscrire, me projeter. L’espace que je représente révèle ces possibles.

En cela, le travail par série m’est nécessaire. Il me permet d’explorer les variations possibles d’un espace réel et imaginaire.

Dessiner sur le motif et représenter le réel.

D’un support griffé, abimé, vient la peinture passée par couches.
Froisser les papiers, laisser venir les formes, superposer les encres, les lier à la peinture, puis à nouveau le papier...
De cette matière un fragment de cartographie apparaît.

Le triptyque me permet d’explorer la notion de la variation. Suivre le hasard des coulures, jouer des superpositions, obtenir des contrastes de couleur entre l’opacité et la transparence des encres.

Par la simplicité des plans, leur structure, j’imagine qu’au-delà de leur apparence il peut se passer beaucoup de choses. Les deux ou trois séquences rendent ainsi chaque changement comme autant de menus événements qui surviennent et décalent la perspective, la lumière, l’ambiance. Pour arriver au décor de théâtre j’ai eu besoin de passer par la représentation du décor urbain. C’est le théâtre de la vie réelle, de la violence, de la saleté, de l’isolement. C’est aussi un espace habité qui garde les traces du passage humain que je peux percevoir à travers les tags, les graffs, un papier laissé par terre… Je me suis inspirée des croquis de lieux urbains, pour aborder ceux du théâtre. J’ai transformé et recréé le décor urbain – dont j’ai conservé la verticalité – pour en faire un décor de théâtre, écrin sans vie réelle en train de se construire. J’ai épuré et fait des choix, se révèle alors la tension d’un lieu idéel. Le théâtre met temporairement en espace des histoires humaines. Son temps s’accélère, le montage des décors en fait un temps double et fictif. L’espace se multiplie, plusieurs histoires s’y concentrent et s’y impriment. Ces impressions, ces traces, je les ressens et c’est dans le vide d’un décor que je tente de révéler toute leur densité.

Née au Puy-en-Velay (Haute-Loire), Emmanuelle Gallice enseigne depuis 1992. Ce sont les collaborations et les échanges avec d’autres enseignants, intervenants, structures qui l’intéressent, et notamment les projets qui en découlent.

De 1992 à 2007 elle enseigne au service animation personnes âgées du CCAS de Grenoble. C'est à travers ces ateliers de dessin et de peinture, qu'en tant que jeune diplômée, elle apprend à prendre en considération ces publics âgés dans différentes structures (EPA, EHPA, EHPAD). De nombreux projets auront lieu en partenariat avec les autres intervenants de ce service. Notamment avec des psychologues en lien avec leurs ateliers mémoires, avec l’illustration d’un livre en 1997 et une exposition de panneaux de dessins pour les vingt ans de la résidence Notre Dame. Ou encore avec des intervenantes en volume/terre pour réaliser une fresque de peinture en 1992, un bas-relief en terre de 1993 à 1994, une fresque murale en terre vernissée de 2004 à 2005 pour les 30 ans de la résidence Notre Dame ; ainsi que des journées extérieures culturelles, dessin et visite, seule ou en binôme, quelquefois en collaboration avec le musée de Grenoble.

De 1994 à 1996, après avoir obtenu un atelier rue Saint-Laurent auprès de la ville de Grenoble, elle collabore avec les acteurs culturels du quartier, et met en place des ateliers à la Maison pour tous de Saint-Laurent ainsi qu’à la Casemate – organisateur de l’exposition Les origines de l’homme. Plus de 275 enfants l’ont fréquentée !

De 1997 à 2000 elle intervient en arts plastiques dans les écoles primaires Bizanet et Jardin-de-ville dans le cadre d’un service éducatif de la ville de Grenoble. Ce projet, en lien avec les expositions temporaires du musée de Grenoble, est réalisé en binôme avec un enseignant en histoire de l’art et en partenariat avec les enseignants de l’école primaire.

Depuis 2007 elle enseigne à l’école supérieure d’art et design Grenoble-Valence, aux ateliers tous publics (ATP), où elle dispense des cours auprès d'adultes en "dessin modèle vivant" et "collage". Elle participe aussi à une "formation artistique des jeunes", des enfants aux adolescents.
Faire découvrir les notions plastiques aux enfants, aider les jeunes et les adultes à approfondir leur exploration, et permettre aux plus avancés de progresser et aller vers une pratique personnelle, sont le moteur de son enseignement.
Toujours dans le cadre des ateliers tous publics, elle continue de répondre à divers partenariats. Avec le CCAS de Grenoble de 2009 à 2018, pour l’Illustration du projet L’atelier des Gourmands. Avec le musée de Grenoble, en mettant en place des cours autour des expositions temporaires, en organisant un stage avec deux médiateurs du musée pour l’exposition Die Brücke ; dans le cadre du musée hors les murs, elle crée des ateliers avec des écoles primaires pour l’exposition Les mots dans l’art. Elle répond, avec une autre enseignante des ATP, au projet Tramway de la paix et de la non-violence, à la demande et en partenariat avec l’école primaire Malherbe et l’école de la Paix, pour encadrer les réalisations des élèves qui apparaitront sur le tramway de septembre 2019.

Dès 1989, en parallèle à ses études et à son enseignement, elle suit des ateliers de théâtre. Compagnies de théâtre, de clown s'enchaînent depuis sa ville natale jusqu'à Grenoble. Les rencontres se multiplient, les pièces se jouant sur Grenoble jusqu'au festival Off d'Avignon.
Elle peint des décors de 2000 à 2007 pour la compagnie l’Épithéâtre, de la pièce Souterrains en binôme avec la décoratrice des ateliers du théâtre municipal, de la piéce La longue marche des dindes, et de la pièce Le royaume de Kensuké lors de la résidence de la compagnie au Bélvédére qu'elle peint en binôme.
Elle réalise des affiches de 2001 à 2004, pour la compagnie l’Épithéâtre de la pièce Zelda ou le masque, ainsi que pour la compagnie Ophélia théâtre, des pièces Des gens passent et j’en oublie et Le public ne va pas rire mais nous.

De 2010 à 2012, elle compose des croquis de montage de décors à la MC2 pour son travail personnel. Cela lui permet d’avoir des esquisses en dessin pour les exploiter en peinture. Elle peut assister à la plupart des représentations de ces pièces, et allier une fois encore ses deux passions !